Falco : “J’aime l’art qui provoque, qui pointe du doigt mais aussi qui questionne”
Falco prend plaisir à jongler entre images universelles et actualités. Au travers de ses créations, ce jeune graphiste satisfait son besoin de partager des messages simples qui percutent.
Quel est ton parcours artistique ?
C’est en 2013 que j’ai découvert la magie de Photoshop par le biais de la culture glisse dans laquelle je baigne depuis toujours. Mes premières utilisations du logiciel se limitaient à créer des logos de mon blaze « Falco » que je printais sur des stickers et tee-shirts. Ensuite en 2016 j’ai intégré une licence en art et communication à l’USMB de Chambéry qui a totalement conforté mes choix d’orientation. Ces trois années m’ont permis de construire une identité graphique, d’acquérir des références et de modifier mon rapport aux images. Je n’ai cependant jamais eu de cours de graphisme. J’ai développé ça de mon côté via des projets personnels et des expériences professionnelles, par exemple lors d’un stage de 4 mois en Californie pour une marque de casques de skate ; c’était très enrichissant.
Comment as-tu commencé à faire du street art ?
J’ai rapidement été restreint par le fait de créer et de partager mon travail uniquement à travers un écran. Ma pratique du street-art a donc évolué de manière progressive et instinctive sans que je m’en rende vraiment compte et sans avoir la prétention de me présenter comme ‘faisant du street art’. J’ai donc commencé par coller des stickers de mon blaze dans ma fac, exploiter les espaces d’affichage libre puis coller mes premières créations au pochoir fabriqué à partir de feuilles ou de cartons. À l’époque c’était largement suffisant pour m’éclater et provoquer des réactions. Je ne voulais pas faire de l’espace public mon terrain d’entraînement donc j’ai préféré me perfectionner quelques années pour enfin passer à la bombe spray à même le mur.
Pourquoi spécialement ce type d’art ?
J’avoue que je ne suis pas super à l’aise ni emballé par le free hand (graffiti sans pochoirs) ou l’utilisation de pinceaux et autres instruments plus traditionnels. Je préfère mettre la priorité sur le sens et le concept de l’image plutôt que son esthétique. La phrase qui me définit c’est « express what words can’t say » (exprime ce que les mots ne peuvent pas dire) ; je m’intéresse à comment diffuser un message simple qui percute. Le pochoir est, en ce moment, l’outil que j’exploite le plus. Il est la matérialisation des illustrations que je réalise derrière ma tablette graphique et mon ordinateur. C’est donc la forme d’expression parfaite pour mixer le graphisme et ce besoin de partage non virtuel.
Tu détournes très régulièrement des tableaux, images, logos qui parlent à tous le monde, pourquoi ? Est-ce une façon pour toi de dénoncer quelque chose ?
J’aime particulièrement jouer avec les codes car c’est ce qui parle le plus aux gens. Tout l’intérêt est dans le fait d’apporter une nouvelle lecture à une même image universelle et omniprésente qui nous est imposée dans notre vie de tous les jours. Donc oui c’est une manière subtile de dénoncer sans forcément être dans l’anarchie et l’anticonformisme.
Où est-ce que tu puises ton inspiration ?
Dès que je me promène quelque part, mes yeux se baladent partout en quête d’un nouveau spot à investir, d’une publicité ou d’un message à détourner. J’aime l’art qui provoque, qui pointe du doigt mais aussi qui questionne. Je suis donc forcement très fan du travail de Banksy et de Shepard Fairey mais aussi d’artistes plus traditionnels comme Maurizio Cattelan, Joseph Beuys, Marcel Duchamp, Sophie Calle ou Marco Melgrati.
Est-ce que tu joues avec les actualités ?
L’actualité constitue une grande partie de mon travail mais j’essaye de ne pas en abuser. J’attends que le besoin d’intervenir se crée plutôt que de me forcer à produire une image pour surfer sur le buzz de la nouvelle. J’ai par contre bien évidemment réagi aux prémices du Covid19. Étant à Londres lors des premières vagues de panique dans les supermarchés, j’ai collé aux sorties des métros de fausses affiches de recherche sur lesquelles figuraient des rouleaux de papier toilette. Une manière simple et efficace de rire de la réaction de l’Homme face à une crise sanitaire planétaire.
Tu manies ça toujours avec une pointe d’humour, est-ce pour montrer une forme d’ironie ?
Je n’ai vraiment pas envie de proposer des images purement violentes et extrêmes pour dénoncer. Une pointe d’ironie et de subtilité permet effectivement d’amplifier la force du message et de marquer les esprits sans pour autant être trash et péjoratif.
Où est-ce que tu travailles le plus ?
Je suis de retour sur Annecy jusqu’à la fin de l’année. Je devais faire une petite formation en graphisme de 2 mois mais elle est décalée après l’été à cause du virus… Par contre je vais essayer de continuer de faire des expos et événements sur Lyon car je ne suis pas loin. Pourquoi pas trouver un travail là-bas en janvier si je ne me motive pas à aller bosser à l’étranger.
As-tu des projets à venir ?
Je pense très prochainement mettre en place un site internet pour vendre des toiles et prints !
Retrouvez Falco sur Instagram et Facebook !
Propos recueillis par Charlie Egraz
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